top of page
  • Delaville Arnaud - Ostéopathe DO

Le crane plat du bébé : plagiocéphalie et bradicéphalie

Dernière mise à jour : 26 avr. 2020




La plagiocéphalie fonctionnelle est une pathologie fréquemment rencontrée chez les nouveau-nés et les bébés

1. Qu'est ce que c'est ?

La plagiocéphalie est le terme médical qualifiant une asymétrie crânienne. On en connait deux causes :

  • La plagiocéphalie organique : Elle résulte de la fusion prématurée d'une ou plusieurs sutures crâniennes appelées craniosynostose. Celle-ci sera prise en charge médicalement et chirurgicalement. Elle reste rare avec une incidence globale de 1 sur 2 000 à 2 500 naissances vivantes. [1]

  • ​La plagiocéphalie et la brachycéphalie positionnelles dues à des forces externes qui façonnent le crâne du


bébé. Ce sont celles-ci dont nous parlerons ici. Elle est appelé plagiocéphalie fonctionnelle.

La plagiocéphalie fonctionnelle est une pathologie iatrogénique occidentale. Sa fréquence a augmenté en Eu


rope et aux Etats Unis depuis les années 1992-1995 avec le couchage des bébés sur le dos (campagne "back to sleep") [2] et le mode de vie sédentaire occidental. On note une prévalence de 1 à 48% [3] [4] [5] [6] [7] [8] chez les bébés et une persistance de 1%



chez les adolescents nés après la campagne "back to sleep".

On a longtemps entendu dire qu'elle se réduisait spontanément, que c'était bénin avec pour seule conséquence un effet inesthétique. Nous savons que ces certitudes sont remises en cause aujourd'hui.

2. Les causes

2.1. Pourquoi une telle déformation ? La physiopathologie :

Le crane d'un bébé est constitué de tissus


cartilagineux et membraneux ce qui le rend très malléable. C'est cette malléabilité qui a permis au bébé de franchir le bassin de sa maman. Cette propriété est également nécessaire pour permettre la bonne croissance de son cerveau et de son crane, notamment dans sa première année de développement (cf. courbe de croissance du PC), mais cela le rend sensible à la pression qui s'exerce sur lui.


Un bébé nait avec une tête "arrondie". Aussi, lorsque sa tête est en appui sur un support, il n'y a qu'une petite surface en appui pour une force importante (rappel : P = F/S) donc une forte pression s'exerce sur ce crane. Si cet appui est répété et prolongé sur ce même appui, alors le crane va s'adapter et commencer à s'aplatir.


2.2. Les facteurs de risques :

  • Le sexe masculin

D'une part, la croissance du crâne des garçons est plus rapide que celui des filles, ce qui les rendrait donc plus sensibles aux forces de pressions. D'autre part, les fœtus masculins seraient aussi plus sensibles à la compression in utero de part leur tête moins flexible.

  • La réduction de la mobilité des bébés.

Tout d'abord in utéro avec les grossesses multiples notamment pour le bébé placé sur la partie inférieure de l'utérus et pour les bébés avec un faible sac amniotique.

Sont aussi touchés les bébés prématurés ou hypotrophes qui sont plus médicalisés et moins (plus alités, moins pris dans les bras, …).

  • Le torticolis

Il est un facteur de risque important parce qu'un bébé avec un torticolis aura forcément une plagiocéphalie fonctionnelle. Effectivement, si la tête de bébé est , l'appui sur celle-ci sera prolongé sur ce côté et entrainera donc un méplat.

  • Certains troubles digestifs

Chez certains bébés avec une bradycéphalie, on retrouve un schéma en extension associé à des troubles digestifs.



3. Les conséquences

Il est fréquemment dit aux parents que la déformation du crane est bénigne, qu'elle va se résoudre seule, qu'elle n'est qu'inesthétique et pourra être cachée par les cheveux. Cependant, nous notons que la déformation persiste chez 1% des adolescents de la génération "back to sleep".

En réalité, il y une partie des enfants qui auront, si rien n'est fait, une plagiocéphalie persistante. En plus, de l'apparence inesthétique, cette asymétrie pourra entrainer des troubles futurs pour l'enfant tels qu'une scoliose, des troubles de l'articulé dentaire, des troubles ORL (otite, sinusite chronique …).

Certaines études montreraient d'éventuelles conséquences neurologiques : "des coefficients de développement et de performances cognitives ont été jugés moins bons chez des enfants de 18 et 36 mois ayant présenté une importante déformation crânienne postérieure positionnelle, en comparaison avec un groupe témoin indemne de toute déformation." (Académie Américaine de Pédiatrie) [2] [9]

Ces résultats ne semblent pas surprenants puisque étant plaqué contre la paroi osseuse, le cerveau va lui aussi subir déformation et compression.



4. Préventions et traitements
  • Dépistage précoce d'un torticolis congénital

  • Traitement ostéopathique :

  • Pendant la grossesse afin de faire de la place pour que le bébé soit à son aise et pour réduire les maux de grossesse ressentis par la maman

  • Après la naissance afin d'améliorer et lever les restrictions de mobilité

  • Changer les habitudes des parents et favoriser la mobilité de bébé

  • Seul, le traitement ostéopathique ne suffira pas si les parents ne changent pas leurs habitudes. Ce n'est pas la main de l'ostéopathe qui va remodeler le crane mais c'est la croissance du cerveau qui va le faire. L'ostéopathe va supprimer les tensions et les contraintes

  • Favoriser la mobilité de bébé est la meilleure prévention de la plagiocéphalie, voici quelques moyens simples pouvant être mis en place par les parents

  • Stimuler son bébé en jouant sur l'orientation du cosi ou transat pour que la lumière ou le son ne soit pas toujours du même coté.

  • Ne pas porter son bébé toujours du même coté, penser à changer de bras lors de la prise du biberon. Cette alternance sera aussi bénéfique pour le parent qui n'aura pas le même bras en tension

  • Favoriser le portage dans les bras ou en écharpe supprime l'appui et en sus contribue à faire la musculature du cou de bébé (En Afrique, la plagiocéphalie n'existe pas !)

  • Sous surveillance, stimuler bébé sur le ventre 5 à 10 min par jour

  • Traitement kinésithérapie éventuellement nécessaire si bébé présente une musculature "asymétrique", car cela aura tendance à lui donner un coté préférentiel et donc comme pour le torticolis favorisé l'appui sur un point précis du crâne

  • Casque orthopédique : traitement lourd et contraignant envisagé dans les cas les plus graves ou lorsque la mise en place des traitements précédant se sont avérés insuffisants

  • Rq : on note que si le casque peut aider à récupérer une forme de crane plus arrondie; les contraintes internes ne sont pas supprimés et peuvent ainsi favoriser scoliose, trouble orthodontique … Il est donc conseiller d'associer à ce traitement un traitement ostéopathique

  • Chirurgie : rare

Conclusion

Pour conclure, j'insiste sur l'importance de la mobilité et donc de la nécessité de ne pas contraindre le bébé. Il est déconseillé d'utiliser le cocooning, les coussins anti-tête plate qui vont restreindre le bébé en mobilité et donc figer ses dysfonctions ostéopathiques [10]. Une tête qui s'aplatit ne doit pas vous paniquer mais vous inciter à consulter et à modifier vos habitudes pour bébé mais ATTENTION, bien que dormir sur le dos augmente le risque de plagiocéphalie chez bébé, cet article ne remet pas en cause le "dodo sur le dos", recommandation ayant permis de réduire de 70 à 83% la mort subite du nourrisson en France [11] [12] (cf tableau ci contre), mais a pour objectif d'encourager les parents à stimuler leur bébé lorsque celui-ci est en éveil et non pas de changer la position de bébé pour son sommeil.


Bibliographie


[1] D. M. L. MERRER, «Craniosynostose,» Décembre 2004. [En ligne]. Available: http://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?Expert=1531.0&Lng=FR.

[2] L. M. C. F. V. e. a. POGLIANI, «Positional plagiocephaly: what the pediatrician needs to know: A review.,» Child’s Nervous System, vol. 27, n° %111, pp. 1827-1833, Mai 2011.

[3] A. P. M.-C. A. C. e. a. CAVALIER, «Prevention of deformational plagiocephaly in neonates,» Early Hum. Dev., vol. 87, n° %18, pp. 537-543, Aout 2011.

[4] W. .. F. A. LOOMAN, «Evidence-Based Care of the Child With Deformational Plagiocephaly, Part I: Assessment and Diagnosis,» Journal of Pediatric health Care, vol. 26, n° %14, pp. 242-250, July 2012.


[5] L.-K. L. Boere-Boonekamp MM, «Positional preference: Prevalence in infants and follow-up after two years,» Pediatrics, vol. 107, pp. 339-343, 2001.

[6] D. PM, «Congenital postural deformities,» Br Med Bull, vol. 32, pp. 71-76, 1976.

[7] K. C. L. R. e. a. Peitsch WK, « Incidence of cranial asymmetry in healthy newborns,» Pediatrics, 2002.

[8] W. GH, «Relation between side of plagiocephaly, dislocation of hip, scoliosis, bat ears, and sternomastoid tumors,» Arch Dis Child, vol. 46, pp. 203-210, 1971.

[9] A. V. M. J. D. C. A. Knight SJ, «Early neurodevelopment in infants with deformational plagiocephaly,» vol. 4, n° %12, pp. 1225-8.

[10] D. T. M. D. B. D. G. J.-M. B. I. G.-D. Dr Dominique LEYRONNAS, «précoce, Déformations crâniennes du nourrisson pour une prise en charge,» Antony - Hopital Privé d'Antony, 7 avril 2016.

[11] M. D. e. E. Briand, «Mort subite du nourrisson : données epidémiologiques actuelles,» lesjta, 2001. [En ligne]. Available: http://www.lesjta.com/article.php?ar_id=297. [Accès le 15 06 2016].

[12] C. N. d. S.-F. d. F. (CNSF-2011), «Mort inexpliquée du nourisson,» 3ième P-C.

1 931 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page